7 juin 2017

Côte d’Ivoire : Abobo ne fait rien avec le ‘‘grand ménage’’ de A.D.O

Quatre mois après son lancement officiel en grande pompe, l’opération « grand ménage » stagne dans la plus part des communes de la ville d’Abidjan, tout comme elle se cherche à Abobo, quartier populaire au sud de la capitale économique, autrefois « Perle des lagunes ».

Eh oui, ce souvenir de ville propre et agréable est bien lointain ; et ce n’est pas l’opération « grand ménage » qui pourra nous sauver. Pas de sitôt, en dépit des bulldozers de Maman ! Il suffit de promener son regard sur le boulevard Nangui Abrogoua, singulièrement sur le tronçon qui traverse la commune d’Abobo pour se rendre compte de l’ornière [au sens figuré du terme].

Eh oui, le chantier de l’insalubrité est immense, le besoin de propreté urgente sur cette voie principale, l’une des portes d’entrée de la ville d’Abidjan. Mais ça, Anne Désirée Ouloto (A.D.O) devrait le savoir ! Sinon à quoi servirait le budget (encore opaque) alloué à l’ensemble de l’opération « grand ménage » ? Nous y reviendrons. Pour l’heure, le périple continue.

A lire : A.D.O: La diarrhée est un mal impudique et imprévisible

 

Une femme versant les ordures sur le trottoir du boulevard Nangui Abrogoua, au niveau de la casse Abobo, sous le regard amusé d’un passant / Libre Tribune

Du rond-point de la gendarmerie à l’Université d’Abobo-Adjamé, du même nom que le boulevard, jonchent des tas d’immondice. A l’évidence, à en juger par la taille des ordures, ce sont plusieurs jours de déversement et d’accumulation d’ordures ménagères qui se décomposent sans que cela n’émeuve personne.

Le terre-plein central est chargé par endroit, ceux des ronds-points et les voies piétonnes ne sont pas épargnés. Des restes de nourritures, de déchets de poissons, de fruits et légumes en déliquescence, de cartons d’emballage, des pneus usés, des sachets et bouteilles plastiques…, s’entassent pour former « jolis petits monticules ». Les chaussées, enduites de coulée d’ordures en liquéfaction, sont crasseuses et le secteur empeste. Mais « c’est odeur » comme le dit les ivoiriens, c’est du vent. Les populations vaquent à leurs occupations, tranquillement !

        ‘‘Tout le monde’’, un responsable tout trouvé !

La vendeuse de mangues, assise derrière son étalage, attend avec impatience les clients. Elle ne se soucie guère de la puanteur des lieux. Non, l’essentiel est ailleurs : la recette journalière.

Avec une écharpe, elle chasse les mouches qui lui volent autour, en lançant de manière désinvolte, « c’est tout le monde ». Tout le monde ? Même les mangues en décomposition sur les tas d’ordures ?

« Oui kêh ! Ordures là, tous ceux qui vendent dans le marché viennent verser ça ici. Souvent les camions poubelles passent pour ramasser. Souvent aussi là, on les voit pas », explique Awa [prénom d’emprunt].

Pour cette demoiselle, le terre-plein est le seul endroit indiqué dans son rayon pour la pré-collecte des ordures. Quant au ramassage, il n’est pas de son ressort. Elle paye les taxes aux percepteurs de la mairie à cette fin. La puanteur ? On s’y habitue ; la santé ?, c’est Dieu qui donne !

« Si c’est pas ici là, on va verser ça où ? Quand nous on verse ici, la mairie doit venir chercher. Mais ils viennent pas tous les jours. Mais si c’est pour encaisser billet là, ils passent. Le coin sent, mais on est dedans. C’est ici on se débrouille oh. Nonnn, on ne tombe pas malade, Dieu est grand ! », confie la pétillante Awa, sous fond de résignation, un chat dans la gorge. 

La non-régularité des enlèvements des ordures qui polluent l’environnement des villes ivoiriennes et décriée par Awa, est due au manque de qualification des entreprises qui en ont la charge, avait admis Anne Désirée Ouloto, selon Abidjan.net au cours du 20e Press-club de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI). Mais n’est-ce pas le gouvernement qui attribue les agréments ?

            Au-delà du civisme et du patriotisme…des reformes !

Aux grands maux, les grands remèdes ! Tel est le proverbe qui colle parfaitement à la situation de l’insalubrité que l’on tente de résoudre en Côte d’Ivoire, avec un budget de 96 millions de francs CFA pour la seule année 2017.

Le civisme et le patriotisme auxquels en appelle les ivoiriens Madame la ministre de la salubrité, de l’environnement et du développement durable, Anne Désirée Ouloto, ne sauront être les chevaux gagnants de cette course effrénée contre la  montre dans laquelle le pays tout entier est engagé. A long terme peut-être ; pour l’heure, cela relève de l’utopie. L’éloquence du comportement d’Awa sus relaté est patente. C’est cela l’ivoirien d’aujourd’hui.

Alors comme promis par Madame la ministre, il faut restructurer au mieux la filière pour un enlèvement total et régulier des déchets. Un consortium des acteurs pour des actions synchronisées aiderait à apporter des réponses précises.

Ce premier chantier servira de drain aux autres mesures pour la réussite d’opération. Notamment la re-mise sur pied, avec un effectif suffisant et permanent ; qualifié et équipé,  de la brigade de la salubrité, à déployer sur l’ensemble du territoire ivoirien [Les chômeurs n’attendent que ça, voyons !]. Tout cela accompagné de textes juridiques et de programmes d’éducation.

En effet, l’on doit donner les moyens juridiques à brigade de la salubrité d’agir efficacement en faisant voter des lois qui déterminent l’organisation et le fonctionnement de ce nouveau corps de troupes, mais aussi qui contraignent les populations au respect des dispositions prises pour un cadre de vie propre, sous peine d’amende et d’emprisonnement.

Cependant, l’objectif n’étant pas la coercition mais plutôt le changement de comportement, il faut penser à reformater les populations par l’éducation. A cet effet, des programmes spéciaux, à élan long-termiste, sous la bannière de la salubrité, de l’environnement, du développement durable et du civisme, doivent être conçus et intégrés au système éducatif actuel, depuis l’école primaire.

Par ailleurs les populations déjà adultes doivent également être prises en compte dans cette démarche, pour la réussite de cette opération qui redonnera à la Côte d’Ivoire son éclat et à 24 millions d’ivoiriens, le sourire.

La non-régularité des enlèvements des ordures qui polluent l’environnement des villes ivoiriennes et décriée par Awa, est due au manque de qualification des entreprises qui en ont la charge
Immondice sur le boulevard Nangui Abrogoua à Abobo, Coco service/ Libre Tribrune
Partagez

Commentaires

A.B. Ladji Coulibaly
Répondre

Le souci de notre pays, ce ne sont pas à mon avis les reformes. Les gens là en prennent à chacun de leur conseil de ministre ou de gouvernement. Le probleme, c'est le vide qui accompagne chaque reforme. Grand Menage, communication pompeuse et hypocrique. Quand on fini de nettoyer, on assemble, ou va ton deposer ces dechets? Depuis les gens parlent, mais le nouvel Akouedo sera ou? On doit chasser cette race de politirien du pouvoir...lol

Jeff Amann
Répondre

Tu as parfaitement raison. C'est en sens que la restructuration préconisée par Madame la ministre et son cabinet doit se faire.

Au cours du débat télévisé sur le sujet après le lancement officiel, les invités de la RTI ont évoqué le problème d'Akouédo, qui figure en bonne place dans la stratégie à implémenter. Alors nous sommes curieux de voir son déploiement pour en connaître la teneur.

Après quoi, l'Assemblée nationale rentre en action pour prendre des lois et la société civile veuillera à son application. C'est ça mon notre approche.