Vivrier, une mesure de pesage impopulaire risque de paralyser le secteur et créer l’inflation !

Article : Vivrier, une mesure de pesage impopulaire risque de paralyser le secteur et créer l’inflation !
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14 décembre 2017

Vivrier, une mesure de pesage impopulaire risque de paralyser le secteur et créer l’inflation !

La mesure ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ du Ministère ivoirien des Infrastructures Économiques est très mal accueillie par les acteurs du vivrier de Côte d’Ivoire qui prévoient des actions. Quitte à paralyser le secteur déjà en difficulté ou créer l’inflation sur le marché.

Entrée en vigueur ce vendredi 8 décembre 2017 selon les concernés sus cités, la mesure  ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ émane du règlement n°14 de L’UEMOA relatif au contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu dans les États membres de l’UEMOA et le Ghana qui a démarré officiellement depuis le 20 novembre 2014 en Côte d’ivoire.

Cette mesure  ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ consiste au délestage systématique des véhicules aux postes de pesage, au-delà des seuils établis par l’UEMOA ou à appliquer à tout véhicule contrôlé en surcharge de poids extrême, les taux d’amendes de 20 000 FCFA pour le trafic national et 60 000 FCFA pour le trafic international, sur la totalité de la surcharge constatée. En témoigne l’image du Fonds d’entretien routier (FER) ci-dessous.

Eradication de surcharge extrême
Illustration de la mesure « Éradication de surcharge extrême » / FER

 

Autrement dit, un véhicule dont le poids total autorisé en charge (PTAC)  est de 18 tonnes, peut avoir un excédent de 3,6 tonnes avec l’application de la tolérance de 20% sur son poids PTCA. Ce qui le conduit à  21,6 tonnes de poids total roulant autorisé (PTRA). Passé cette charge, le véhicule tombe dans la zone rouge qui est qualifiée de surcharge et limitée à 25 tonnes. Au-delà des 25 tonnes, on parle de surcharge extrême. En ce moment précis, la mesure ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ s’applique au véhicule incriminé. Soit  20 000 FCFA par tonnage en surcharge, là où Meïté le commerçant de banane plantain payait 4000 FCFA. Surprise………..désagréable !

 

Entre habitude et inquiétude, des exigences

 « De 4 000 à 20 000 ! Non on ne peut pas accepter cela ».  C’est le cri de colère des acteurs du vivrier de Côte d’Ivoire qui jugent cette décision injuste et préjudiciable à leur secteur d’activité.

« Nous avons pour habitude de payer 4 000 FCFA pour les excédents de poids, par tonnage. Et sans nous informer à l’avance, on nous demande de payer 5 fois ce montant aujourd’hui. Cela n’est pas tenable ! », martèle Francis Botti, propriétaire d’un marché privé de vivriers dans la commune de Yopougon quartier Siporex, par ailleurs Secrétaire général adjoint de la CNAVICI (Confédération nationale des acteurs du vivrier de Côte d’Ivoire).

Pour justifier les poids en surcharge des véhicules transportant le vivrier, il fait savoir que cette attitude répond à des soucis de rentabilité. Selon  lui et l’ensemble de ses collaborateurs, c’est seulement au prix des excédents de poids, qu’ils arrivent à faire des bénéfices pour pérenniser leur commerce.

« Le vivrier ce n’est pas le cacao ou l’anacarde. Non seulement on ne peut pas peser le placali (pâte fraîche de manioc) comme on pèse le cacao dans les champs. Donc c’est difficile de connaître le poids des véhicules depuis les villes de l’intérieur. En plus il faut faire vite, sinon la marchandise pourrie et tu perds », explique Francis Botti, avant de faire connaître leur seul exigence. « Il faut supprimer cette mesure au niveau du vivrier. C’est ce que nous voulons », dit-il, péremptoire !

« Voyez-vous, la location de la remorque de marchandises, de Zouénoula (centre-ouest de la Côte d’Ivoire) à Abidjan, se situe entre 450 et 500 000 FCFA. Sans compter les frais de la marchandise elle-même, les frais d’embarcation et ceux du déchargement. Alors si, pour  le surcharge qui nous permet de faire  un peu de bénéfice et de nous occuper de nos familles, on doit payer 200, 300 000 FCFA au pont bascule, autant arrêter l’activité pour ne pas mourir de dette », se désole Méïté. Et à Francis Botti de prévenir.

« Si cette mesure perdure, nous allons passer le mot. Aucun véhicule ne rentre sur Abidjan. Pour ceux qui ont déjà payer 300 000 FCFA au pesage, ils vont multiplier les prix des marchandises par cinq sur le marché. Rien ne va coûter en deçà de 500 FCFA. La tomate que tu payes habituellement à 100 FCFA, tu vas l’acheter à 500 FCFA. En deux semaines, on verra ! », fait savoir le jeune homme d’une quarantaine d’années, comme étant quelques-unes des résolutions prises lors d’une réunion des acteurs du vivrier ce mardi.

Reçu de caisse à la station de pesage de Yamoussoukro à la date du 11 /12/17

Jointe au téléphone, Madame Baya épouse VANIÉ, présidente de la CNAVICI s’est dite surprise par l’application brusque de cette décision. Tout en confirmant une réunion en comité restreint, elle a annoncé une rencontre au Ministère du commerce de l’artisanat et de la promotion des PME de Côte d’Ivoire ce jeudi. A l’issue de cette rencontre de négociation, des décisions seront prises.

Rappelons que selon du Ministère ivoirien des Infrastructures Économiques, les surcharges détruisent à plus de 50% nos routes. Et ce sont 80% des véhicules de marchandises qui sont concernés. Réduisant ainsi la durée prévue des routes qui est de quinze années à trois, voire deux ans. Un argument réitéré par le Service de communication dudit Ministère à Libre Tribune pour expliquer la mise en application actuelle d’une décision qui date de 2015.

Lire aussi : Éradication de surcharge extrême

In fine, entre la nécessité de préserver les infrastructures routières et l’urgence d’alimenter les populations, le choix de chacun est fait selon son libre arbitre. Le débat est ouvert. Mais si l’on parle d’extrême surcharge en ce jour, c’est bien parce que la notion de surcharge a été à la base autorisée. Dommage !

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