16 avril 2018

Salon Emploi Jeunes, accusés, levez-vous !

Le rideau est tombé ce vendredi à la salle d’art dramatique du Palais de Culture, sur la Semaine Nationale de l’Emploi. Entre lauréats du Forum Africain des Jeunes Agripreneurs (FAJA) et les chiffres du Salon Emploi Jeunes, retour sur les temps forts d’un évènement qui a alimenté la polémique sur les bords de la lagune Ébrié.

« Un réel succès »

La Semaine Nationale de l’Emploi a fermé ses portes ce vendredi au Palais de la Culture de Treichville, dans la salle Kodjo Ebouclé. Comme à la cérémonie officielle d’ouverture, la clôture de cette 3e édition a vu la participation d’un parterre de personnalités,  dont Edson Mpyisi Coordinateur du programme Enable Youth pour le compte de la Banque africaine de développement (BAD), partenaire de l’évènement et Sidi Tiémoko Touré, Ministre de la promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, initiateur de l’évènement.

Au cours de son allocution bilan, Sidi Tiémoko Touré a, conformément au protocole, remercié tous les acteurs et partenaires « avec à leur tête Monsieur le Président de la  République, Son Excellence Alassane OUATTARA qui a bien voulu autoriser la tenue du présent salon ». Il a par ailleurs livré ses sentiments de satisfaction au terme du Salon et livré les chiffres à l’issue de la semaine d’activités.

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« Je crois pouvoir dire que l’édition 2018 du Salon Emploi Direct a été un réel succès, car il a mis en place toutes les modalités nécessaires pour accompagner nos jeunes dans leur parcours d’insertion.», a-t-il déclaré.

Et d’apprendre que  le Salon Emploi Jeunes a enregistré en termes de statistiques, « plus de 20.000 » participants au niveau du Palais de la culture ; 15.338 dans les 15 agences régionales et 7.166 jeunes formés aux techniques de recherches d’emploi et rédaction de plan d’affaires parmi lesquels, dix (10) ont reçu chacun des certificats de participation.

Au regard de ces chiffres et « de la qualité des échanges » lors des différents panels (sept au total) qui ont meublé l’évènement autour du thème « L’agriculture, secteur d’avenir pour l’emploi et l’entreprenariat des jeunes », pour le ministre de la jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, « le Salon « Emploi Direct » a permis d’offrir une multitude d’opportunités aux jeunes à travers plusieurs pôles : la Bourse de l’emploi, l’espace B to B, l’espace formations, l’espace panels et conférences et l’espace présentation des dispositifs de l’Agence Emploi Jeunes. ».

Il a donc, pour terminer son propos, invité les jeunes « à capitaliser les acquis et à saisir les opportunités dont vous avez eu connaissance pour réussir votre insertion dans le tissus économique ».

Heureux Agripreneurs

La seconde articulation de la Semaine Nationale de l’Emploi était la 2e édition du Forum Africain des Jeunes Agripreneurs (FAJA). Les résultats du concours Agripitch ont été proclamés et les lauréats récompensés au cours de cette cérémonie de clôture. Ce sont quatre femmes et deux  hommes, soit six heureux gagnants repartis en deux catégories.

Ont été distingués dans la catégorie des startups déjà en activité, Aboubaker Karim, Beata Adonon et Abdoulateef Olaosebikal, avec respectivement des chèques de 10 000, 6 000 et 4 000 dollars US. Quant à Odette Agossou, June Stowia et Véronica M., elles ont fini à la tête de la catégorie des startups à fort potentiel, empochant chacune la somme de 5 000, 3 000 et 2 000 dollars US (suivant l’ordre).

En plus des chèques pour le financement de leurs startups, les jeunes Agripreneurs ont reçu chacun un ordinateur des mains du Directeur général du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA).  Le premier responsable de l’Institution internationale conjointe des Etats du Groupe ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et de l’Union européenne (UE) a par ailleurs annoncé pour les prochains jours, un concours du niveau de l’Agripitch « avec une priorité accordée aux jeunes filles ». A la clé, une récompense « d’une valeur de 10 millions de FCFA », soit environ 18 200 dollars US.

Pour couronner le tout, les six heureux Agripreneurs auront le privilège de participer à la prochaine Assemblée générale de la BAD.

« Emploi direct ou Client direct ? » : accusés, levez-vous !

Qualifiée de réussite par les organisateurs, le Salon Emploi Jeunes ne fait pas l’unanimité sur les bords de la lagune Ébrié. Une polémique s’est même ouverte sur les réseaux sociaux et a enflé durant cette Semaine Nationale dite de l’Emploi.

Les détracteurs du Salon Emploi Jeunes interpellent la tutelle de l’inopportunité d’un tel évènement dont le budget aurait pu servir à financer des projets des jeunes.

« Le rendez-vous à ce Salon consistera donc à distribuer de l’emploi ? L’argent qu’on prend pour organiser ce genre de salon peut aider des jeunes à monter un garage, une boutique, un atelier etc. Allons-y à l’essentiel en proposant des solutions inclusives qui poussent à l’action. Merci. » Kéita Moussa, Contributeur volontaire sur Wikipedia, sous le poste de Daniel Williams Oulaï.

Le dernier cité, Fondateur de la startup Grainothèque, a ouvert le débat sur son mur Facebook le 29 Mars 2018 aux alentours de minuit par une expression célèbre sur les réseaux sociaux ivoiriens. « Je dépose ça ici, je reviens ! », accompagnée d’une affiche du Salon.

Le lendemain de l’ouverture officielle du Salon, soit le mercredi 11 avril 2018, le jeune afripreneur ivoirien dénonce l’absence des « champions nationaux », dans les différents panels. Toujours sur son mur Facebook.

En réponse à cette publication, les commentaires fusent. La majorité va dans le sens de Daniel. Le constat est presque identique sur le mur de Fulbert Koffi, Journaliste et Directeur de publication du site d’information Côte d’Ivoire News. Les commentaires sont les uns aussi tranchés que les autres.

« Les gars, il faut qu’on se mette ensemble pour leur dire qu’il y a des jeunes ivoiriens qui sont des AGRIPRENEURS accomplis. On va dire à ceux qui veulent justifier les budgets que nous sommes prêts à partager nos expériences de terrain; qu’ils nous en donnent juste l’opportunité. C’est ensemble qu’on aidera nos frères à s’intéresser à l’agriculture inclusive, moderne et performante », conclut Alain Ouréga Gobble, Fondateur de La case des arts et des métiers.

Toutefois, Ben Aziz Konaté, Fondateur de la startup Vollaille d’Or, désigné absent au rendez-vous, annonce sa participation au Salon sous la publication de Daniel Wiliams. Un contre-pied !

« Demain j’y serai Avec Volaille d’Or » écrit-il. Ce commentaire reçoit l’assentiment de Aboubakar Karim, lui également signalé absent par la même publication.  Pour la petite histoire, le jeune agripreneur ivoirien, Fondateur de Investiv, participait au FAJA. Il a terminé premier lauréat du concours Agripitch avec un chèque de 10 000 dollars US.

Un fait qui vient certainement conforter les défenseurs du Salon dans ce débat de l’opportunité ou non d’organiser un évènement dans le contexte actuel en Côte d’Ivoire. 77,7 % de la population ivoirienne à moins de 35 ans. Ceux qui ont atteint le majorité dans cette frange, sont en général des diplômés sans emploi. 20% de taux d’insertion des étudiants, pour une population estudiantine d’environ 190.000 personnes.

« Avec notre époque, on ne va plus au salon pour chercher de l’emploi, mais plutôt pour découvrir ce qui se fait dans notre pays et y déceler des opportunités d’investissement à la hauteur de nos petits moyens. J’y ai découvert une structure qui fait de l’accompagnement en agriculture. Assise chez moi, je ne les aurais peut-être jamais croisés », répond  une internaute à Fulbert Koffi.

Pour ce dernier, « le rôle d’un ministère est de créer le cadre et les conditions pour qu’il y ait plus de boulot pour les jeunes. Pas d’organiser un forum pour venir apprendre aux jeunes comment chercher du travail. Un salon ou exposition est le fait des agences de communication. Le ministère doit proposer des solutions pour permettre aux jeunes de travailler telle la proposition au gouvernement de faire des rabattements fiscaux pour les entreprises qui embauchent un certain nombre d’employés chaque année ou tous les deux ans. »

A lire : Côte d’Ivoire : Salon de l’emploi ou le salon de l’escroquerie morale pour jeune

Un avis non partagé par une autre internaute, Directrice générale d’une Agence de communication qui adresse à la question de l’emploi des jeunes, l’incompétence et le manque de loyauté des demandeurs.

« Le problème est qu’aucun recruteur ne voudrait prendre de risque. Je l’ai appris à mes dépends. Hélas ! Tu donnes la chance à certains jeunes diplômés, ils viennent à tes bureaux pour être toute la journée sur Facebook, Whatsapp et j’en passe. Un manque de volonté pas possible. Et des partisans du moindre effort ; la nouvelle génération ! Ils ne foutent rien, te créent des charges supplémentaires, et attendent chaque mois primes ou salaires. Non seulement tu vas prendre de ton temps ou de l’argent pour les former, déjà attends toi à 6 ou 8 mois sans résultat de leur part, un an plus tard après être bien formés et engendrés d’énormes dépenses, ils viendront te dire qu’ils ont eu mieux ailleurs. Du pur gâchis ! », se désole cette internaute dans le forum public « Un ‘‘Consommateur’’ averti en vaut deux (UCAEVD) ».

Dans ce groupe de discussion forte de 183 121 membres, un visiteur supposé du Salon a fustigé les organisateurs l’évènement, faisant un retour d’expérience dans une coutre diatribe. Mais la publication fait mouche avec  la phrase « Aaah, Emploi direct là est devenu client direct »,  qui dénonce la présence de stands qui proposent l’achat d’articles et produits divers aux participants.

Par contre, interrogée à la fin de la cérémonie de clôture, Sylvia K. a affirmé avoir activement participé au Salon les quatre jours durant. Elle témoigne avoir noué d’importants contacts et particulièrement apprécier les présentations enrichissantes des jeunes agripreneurs qui donnent des idées.

Bref, que l’on soit détracteur ou défenseur du Salon Emploi Jeunes, on comprend in fine que la problématique de l’emploi des jeunes ivoiriens reste cruciale et entière en Côte d’Ivoire. Elle alimente les passions et mérite des réponses concrètes ; et en masse. Car la jeunesse ivoirienne est désormais très regardante des affaires de la cité et surtout des décisions prises pour elle.

. Pour la petite histoire, le jeune agripreneur ivoirien, Fondateur de Investiv, participait au FAJA. Il a terminé premier lauréat du concours Agripitch avec un chèque de 10 000 dollars US.
Aboubakar Karim, jeune agripreneur ivoirien, Fondateur de Investiv, recevant son chèque de 10 000 dollars US à l’issue du concours Agripitch.

 

PS : Les organisateurs n’ont pas souhaité répondre à polémique.

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