Didier, une BD pour l’éducation sexuelle des jeunes

Article : Didier, une BD pour l’éducation sexuelle des jeunes
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1 août 2019

Didier, une BD pour l’éducation sexuelle des jeunes

Les vendredi 26 et samedi 27 juillet se sont déroulées respectivement dans les communes de Treichville et Abobo, « la fête à Didier », marquant la fin du projet Transform/Phare de l’organisation Population Services International (PSI) pour le compte de l’année 2019.

Ces deux journées festives marquent la fin de six mois de sensibilisation dans le cadre de la mise en œuvre du projet Transform/Phare. Un projet initié par l’organisation mondiale de la santé PSI et financé par l’USAID. Avec pour objectif, la conception et la diffusion de stratégies novatrices de communication pour le changement social et comportemental des jeunes hommes de 15 à 24 ans du secteur informel de Treichville et d’Abobo.

En Côte d’Ivoire, 20% des filles dont l’âge varie entre 15 et 24 ans ont déjà eu un rapport sexuel avant l’âge de 15 ans contre 13 % pour les garçons (ONG MESSI). Mais le choix de ces deux communes du district autonome d’Abidjan fait suite à une étude réalisée en 2017 par PSI. Selon les responsables du projet, celle-ci avait démontré que neuf jeunes sur dix avaient des rapports sexuels non-protégés et n’utilisaient aucune autre forme de contraception.

Le concept Didier vient donc répondre à ce besoin de sensibilisation des jeunes sexuellement actifs, sur la nécessité d’adopter un comportement responsable pour éviter de contracter le VIH/Sida et les grossesses précoces.

Selon les explications de Hervé Zago, coordinateur du projet Transform/Phare :

« Nous avons décidé de sensibiliser les jeunes via un concept que nous avons créé, appelé Didier. Didier, c’est le jeune homme célibataire du secteur informel qui a une copine. L’idée est de les amener à utiliser les méthodes de contraception, à communiquer entre partenaires pour éviter les maladies sexuellement transmissibles. En Côte d’Ivoire quand on parle de Didier, cela renvoie au meilleur footballeur ivoirien Didier Drogba. Nous sommes dit que si on donne le prénom Didier pour parler de quelqu’un qui a un bon comportement, cela pourrait rassembler les jeunes. »

Didier, une approche efficace

Didier est une approche qui s’est avéré efficace, si l’on en croit David Diabaté, président de la jeunesse communale de Treichville, par ailleurs point focal PSI :

« De Didier 1 à Didier 2, il faut dire que la campagne de sensibilisation a eu un impact ici à Treichville. Aujourd’hui à Treichville, il n’existe pas un quartier où on ne connait pas Didier. »

Le visage illuminé de fierté, il poursuit ses explications en donnant plus de précisions sur l’organisation des clubs Didier et les résultats obtenus de par leurs actions de sensibilisation.

« Depuis 2018, nous sommes dans les quartiers. Pour Didier 2, nous avons installé huit clubs Didier. Un club Didier est composé de vingt-cinq membres. Donc depuis six mois, c’est-à-dire du 2 février au 11 juin 2019, nous avons coaché 200 personnes sur plusieurs thématiques. Notamment, comment parler de sexualité avec ses parents et sa copine, et surtout l’utilisation des moyens de contraceptions. Donc à Treichville, on peut dire désormais que sur dix jeunes, cinq utilisent les moyens de contraception. »

Même son de cloche du côté d’Abobo. Téby Kokoua Louis Blaise, président des Clubs Didier de cette commune, estime avoir réussi sa mission de « sensibilisation à la santé sexuelle reproductive » à la tête des huit clubs de 200 membres au total, face à des « jeunes au départ réfractaires » à son message, grâce à un travail acharné et assidu.

Satisfecit général après Didier 2

A travers la fête à Didier, c’est l’ensemble du bilan du projet Transform/Phare qui est évoqué et jugé satisfaisant à plus d’un titre. Hervé Zago est ravi du travail abattu :

« Notre bilan est satisfaisant. Premier élément de satisfaction pour nous, c’est la mise sur pied des clubs Didier. Deuxième élément, c’est l’exécution des causeries éducatives pour un changement de comportement. Troisième élément de satisfaction, ce sont les visites à domicile avec les jeunes, pour échanger aussi avec leur parent quant à l’importance de communiquer avec leur enfant sur la sexualité. Donc pour nous, de façon générale, l’objectif a été atteint. »

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La première phase de Didier (Didier 1), faut-il le rappeler, a été exécuté en 2018 avec pour résultats la création d’une base de données de 5 000 jeunes, la création de l’histoire de Didier (un feuilleton avec 10 épisodes), la création de la page Facebook et la diffusion des épisodes de la version 1 de Didier et l’instauration causeries pour le changement de comportement des jeunes.

Cette année 2019, le feuilleton Didier 1 a fait place à une nouvelle histoire intitulée Didier 2 qui a alimenté la page Facebook en contenu ainsi que 96 causeries éducatives six mois durant, avec les grands frères, les parents et les copines.

Un sacré parcours pour un projet également bien accueilli par la cible. « Chat noir », un adolescent émancipé et déscolarisé de Treichville qui déjà à 12 ans, se paye les services des professionnelles du sexe, a témoigné de sa prise de conscience grâce à Didier.

Tout comme Palé Blanco, un jeune homme d’Abobo âgé d’une vingtaine d’années :

« Cette série feuilleton qui sensibilise aux méthodes contraceptives arrive à propos, car de nos jours les jeunes s’adonnent à des rapports sexuels sans prendre de précautions pour éviter les grossesses précoces et les maladies transmissibles. »

La prochaine étape du projet Transform/Phare mettra le cap sur l’intérieur du pays, avec une histoire avec Didier, le numéro 3.

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