8 Mars, enfin le retour aux fondamentaux !

Article : 8 Mars, enfin le retour aux fondamentaux !
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9 mars 2020

8 Mars, enfin le retour aux fondamentaux !

Fini les ‘’8 mars’’ aux allures de Saint Valentin. Finie la célébration festive de la Journée internationale des droits des femmes. Telle est la véritable avancée en cette année 2020, qui sonne le glas du symbole réducteur de femme qui tend la main pour un bout de pagne ; le jour même où tout son être devrait crier égalité, aux côtés de l’histoire qui s’arrête pour faire le point sur les acquis de ses droits.

Une page se tourne en Côte d’Ivoire, un processus vient d’être amorcé. La Journée internationale des droits des femmes est désormais vue sous un autre jour à Abidjan. Une nouvelle génération de jeunes filles et de femmes qui aspire à de plus en plus de droits, osent la parole  et en appellent à la réflexion sur les conditions juridico-sociales de la femme dans son humanité. Comme au commencement en 1908, lorsque « 15 000 femmes ont défilé dans la ville de New York pour réclamer des heures de travail moins longues, de meilleurs salaires et le droit de vote ». 

Un retour aux fondamentaux qui a le mérite de battre en brèche les clichés et surtout, de mettre de l’ordre dans le mouvement d’appropriation de la doctrine du féminisme (Du moins, à en préciser l’idiologie), qui également allait à vau-l’eau.

8 Mars, longtemps réducteur

Le combat pour les droits des femmes ivoiriennes a toujours existé, et la lutte menée. Le dénier serait de la mauvaise foi. Cependant les victoires glanées par les pionnières comme Rachel Gogoua*, qui ont toujours compris que « Le pouvoir ne se donne pas, il se prend. Si les femmes veulent être partout, elles seront partout », sont restées sous le boisseau ; drapées dans des papiers cadeaux en pagnes, pour une prétendue ‘’fête de la femme’’.

Très souvent sous l’impulsion tutélaire et mercantile du gouvernant, qui fixe la direction par un thème ; confectionne le pagne et organise les festivités officielles.

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Avec la nouvelle génération, des voix plus audibles grâce à l’effet amplificateur des nouveaux médias, notamment des réseaux sociaux, ouverts sur le monde et accessibles ; les lignes bougent, les paradigmes changent.

Une dynamique engagée par des jeunes filles et femmes, par une appropriation des principes du féminisme. Une transition difficile, un féminisme tout azimut, parfois dans l’euphorie et l’incompréhension.

Féminisme, de l’incompréhension à la clarification

« Hier soir en rentrant Yopougon, tous les passagers du Gbaka* étaient des filles. On était entre nous filles ».

Ce fait anecdotique qui célébrait une petite victoire des femmes, à la limite sur les hommes trahit, on ne peut plus clair, la compréhension caricaturale qui a enrôlé la domestication de la doctrine du féminisme, qui ne diffère en rien l’esprit du ‘’8 Mars’’, dans les milieux sociaux ivoiriens.  

Oui en vérité, il y a eu beaucoup d’incompréhension du féminisme qui est apparu, peut-être à tort, comme un combat des femmes contre les hommes ; comme une rivalité entre les femmes mariées contre leurs consœurs résolument célibataires ou encore une guerre de positionnement entre féministes radicales et féministes tolérantes.

Cette approche au départ exacerbé du féminisme, manifeste dans les fora sur les réseaux sociaux, a été policé au fil du temps par des discussions hardies, parfois houleuses, et des formations d’organismes de la société civile, travaillant sur la thématique.

A ce jour, loin de l’opposition systématique à l’homme et des amalgames sur le concept, la nouvelle génération de féministes ivoiriennes clarifient, structurent, combattent pour une terre d’Eburnie plus égalitaire, en appelant à plus de réflexion et d’introspection sur leur condition de femme.

Le pagne, désormais récusé

La tendance de la Journée Internationale de la femme cette année 2020 est à la réflexion. Sous la houlette d’une vague de féministes jeunes et pétillantes, qui refusent d’être cataloguées dans ‘’Les pagneuses’’ et qui récusent ce pagne de fête et de la discorde, mal connoté dans leur entendement.

Cela, elles l’expriment à cor et à cri, mais aussi au moyen de hashtag ironique (#LaVraieFemmeAfricaine) et vidéo via Facebook et Twitter.

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Mieux, le thème de la célébration officielle de la journée, « Promotion de la femme en Côte d’Ivoire, un atout pour une paix durable » est passé au crible de leur analyse, avec pour verdict : peu mieux faire. « Un thème à relent politique, sans véritable inclinaison vers les droits de la femme et l’égalité Homme/Femme », a-t-elle confié, sous couvert de l’anonymat.

Indéniablement, une page se tourne, une mutation sociétale s’opère. Impulsée par une nouvelle génération de féministes pour des ‘’8 Mars’’ plus intello à l’avenir. Il faut juste en fixer la vision et l’accompagner dans sa structuration, sans euphorie ni passion, pour mener méthodiquement le combat, en profondeur.

*Rachel Gogoua : Présidente du Groupement des organisations féminines pour l’égalité Homme/Femme

**Gbaka : mini bus en Nouchi (argot ivoirien)

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