Côte d’Ivoire : une approche innovante pour la réduction de la mortalité néonatale

Article : Côte d’Ivoire : une approche innovante pour la réduction de la mortalité néonatale
Crédit: Centre d'information et de communication gouvernementale (CICG)
16 mai 2024

Côte d’Ivoire : une approche innovante pour la réduction de la mortalité néonatale

Introduits récemment dans le système de santé ivoirien, les Soins Mère Kangourou (SMK) connaissent une progression significative. D’une unité de soins en 2019, on en dénombre une quinzaine repartie sur l’ensemble du territoire ivoirien. Immersion à l’unité de Soins Mère Kangourou du Centre Hospitalier et Universitaire (CHU) de Treichville, porte d’entrée de cette approche innovante pour la réduction de la mortalité néonatale en Côte d’Ivoire.  

Revêtue d’un blanc immaculé et d’un bleu ciel, l’Unité de Soins Mère Kangourou annonce les couleurs par une chromatique connotée, la nature angélique des petits êtres fragiles qu’elle abrite. Sur le perron de la porte d’entrée à double battants qui donne accès à la salle d’attente, se tient majestueuse, tout de rose vêtue, lunette d’intello trônant sur son visage illuminé par un sourire étincelant, Marie Josée Miézan, Sage-femme à l’Unité de Soins Mère Kangourou.

Dans l’enceinte de l’Unité SMK, un tableau sur le mur affiche une série de photographies qui renseigne d’emblée patients, parents, partenaires et visiteurs sur l’historique de l’établissement et les activités médicales qui s’y déroulent. Des nourrices qui posent fièrement les unes à côté des autres avec leur bébés dans les bras, un bébé dans la balance ausculté par un médecin, des autorités gouvernementales en visite, etc. Dans le dortoir des pensionnaires, la scène est tout aussi éloquente que saisissante. Chaque mère porte sur sa poitrine son bébé endormi. La sage-femme explique.

« L’Unités Soins Mère Kangourou est une solution pour sauver la vie des nouveau-nés prématurés et de faible poids. Ici, nous avons une capacité de neuf lits. Les mamans y demeurent avec leurs bébés durant tout leur séjour qui peut aller jusqu’à deux mois. Voire plus. On laisse le temps nécessaire pour que le bébé atteigne le poids minimum de 2 kilogrammes ou 2.5 kilogrammes. Cela grâce à un suivi régulier, l’allaitement maternel et la technique peau à peau », fait comprendre Marie-Josée.

La technique peau à peau et ses avantages

Recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la ‘‘technique peau à peau’’ est une méthode qui place la mère au centre de la prise en charge de son bébé.

La ‘‘technique peau à peau’’ consiste à maintenir le bébé contre la poitrine nue de la mère pour lutter contre le refroidissement de l’enfant né prématuré et favoriser l’allaitement maternel.  Cette technique dite méthode Kangourou se fait par le biais d’un tissu en coton doté de lacets et dénommé pagne Kangourou, que la mère noue à la taille en laissant une poche dans laquelle on loge le bébé. et se sert des lacets comme ceinture pour soutenir le bébé et assurer sa sécurité. On se sert ensuite des lacets comme ceinture pour soutenir le bébé et assurer sa sécurité.

Une mère et son bébé prématuré se reposent à l’Unité des Mères Kangourou   –  Copyright © africanews
ISSOUF SANOGO/AFP

« Pour le bébé, c’est une technique très apaisante et rassurante. Cela va lui permettre de gagner en confiance, d’être plus calme, de pleurer moins et d’être rassuré. Parce qu’il est en contact direct, peau à peau, avec sa maman. Et il perçoit toujours les battements de son cœur qu’il entendait lorsqu’il était in utéro. C’est un facteur très déterminant dans le bien-être du bébé. », explique Docteur Chantière Somé, responsable de l’Unité de Soins Mère Kangourou.

Une bouffée d’oxygène pour les parents

Les Soins Mère Kangourou constitue pour les parents de bébés prématurés ou de faible poids une bouffée d’oxygène. Une véritable lueur d’espoir qui permet d’éviter le recours à la couveuse, parfois source de stress pour le bébé, du fait des bruit autour et le trop de lumière qui le dérange en permanence.

« Après son séjour en couveuse, ma fille peinait encore à se rétablir malgré les soins intensifs et l’assistance du personnel soignant. Lorsque sa mère et elles ont rejoint l’unité de soins, ma fille a très vite pris du poids. En deux semaines, nous étions déjà habilités à rentrer chez nous », témoigne Samuel Kouamé.

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Quant à maman Diomandé qui avait des réticences vis-à-vis de la méthode et de son efficacité, a fini par se rendre compte de l’évidence. Son bébé qui est né à 800 grammes et avait été admis à l’Unité de Soins Mère Kangourou en est ressorti à plus de 2 kilogrammes.

Grâce cette méthode innovante et peu couteuse où « la mère prend le relai de la couveuse », ce sont plus près de 4000 bébés qui ont été sauvés selon les chiffres de l’UNICEF Côte d’Ivoire. Réduisant considérablement la mortalité néonatale en Côte d’Ivoire. A l’Unité de Soins Mère Kangourou du CHU de Treichville, elle a permis en effet de sauver la vie de 99% des bébés prématurés ou faible de poids qui y ont été admis de 2019 à 2022.

En Côte d’Ivoire, la mortalité néonatale qui intervient le plus souvent entre 0 et 28 jours, et qui un tiers des enfants prématurés ou faible de poids à la naissance, est passée de 38 décès à 30 décès pour 1000 naissances vivantes à 2022, selon le Programme national de Santé de la mère et de l’Enfant (Pnsme). Un chiffre légèrement supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (27). De 2019 à ce jour, avec l’appui de l’UNICEF dans le cadre du Fonds Français Muskoka, ce sont 15 Unités de Soins Mère Kangourou qui ont été mises en place dans les CHU de Cocody, de Bouaké ; dans les CHR de Korhogo, Bondoukou et à l’hôpital général de Port Bouet.  Le dernier, Centre National de référence en Soins Mère Kangourou, un bâtiment à étage à vocation nationale et sous régionale, doté d’une capacité de 25 lits et d’une grande salle de formation, a été inauguré le 29 février 2024 pour « Une Côte d’Ivoire où aucune femme ne meurt en donnant la vie et où chaque personne naît en bonne santé, grandit et vit une sexualité et une reproduction saines ».

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